
CINEREGION.FR – Opération 118 318/ Sévices Clients
Posted by 118prod on nov 12, 2010 in Presse | 0 commentsCINÉ RÉGION / Mardi 26 octobre 2010
C’est ce mardi 26 octobre qu’a eu lieu à Châlons en Champagne l’avant-première d’Opération 118 318, sévices clients. 20h15, arrivée de Julien Baillargeon, réalisateur, de Bruno Hausler et de Maxime Poisot Gnana, comédiens. Fiers et détendus, c’est sans soucis qu’ils posent côte à côte devant l’affiche du film. Encore dans l’esprit complice du film, ils partagent avec plaisir leur expérience avec le public. Châlons, qui était leur toute première projection spectateurs, a pu leur donner un avant-goût de l’accueil réservé au film. Après avoir vécu les uns sur les autres lors du tournage, ils partent désormais pour une tournée de promotion bien chargée. Au programme, 15 villes partagées sur deux équipes. Le lendemain matin, c’est avec plaisir que je retrouve l’équipe du film dans un café du centreville. Prêts à me livrer leur ressenti et un peu perturbés de devoir s’adresser à un téléphone (ndlr : j’enregistre à l’aide de mon téléphone posé au centre de la table), l’entretien peut démarrer.
Ciné Région : On sait que Manuel Jacquinet est à l’origine de l’idée principale, comment vous êtesvous rencontrés ? Julien Baillargeon : J’ai rencontré Manuel Jacquinet par l’entremise de Déborah Carella, la directrice de production, que je connaissais pour avoir fait un court métrage avec elle ainsi qu’un film institutionnel. Et je pense que c’est elle qui a considéré que j’avais le profil adéquat pour remplir cette mission périlleuse. Elle m’a montré la première copie de travail du scénario que j’ai lue, et je lui ai fait un retour détaillé. L’idée m’a branché parce que j’ai perçu à travers le scénario la possibilité de faire une sorte de huis clos avec une grande galerie de personnages secondaires et il y avait déjà un ton un petit peu décalé auquel j’étais sensible et sur lequel j’allais pouvoir insister. Je me suis dit que ce serait l’occasion pour mettre en scène une direction artistique un peu audacieuse.
C.R : Vous aviez une certaine liberté dans la réalisation ?
J.B : Oui j’ai eu carte blanche, si ce n’est les contraintes de base du premier scénario. J’ai réécrit en partie le film avec le coscénariste David Azencot. Concernant le choix des acteurs et la réalisation du
film, j’avais une entière liberté.
C.R : Vous avez un bagage dans l’art et la pub.
J.B : J’ai un profil très généraliste. Je suis touche-à-tout, photo, graphisme, design, scénographie théâtre, illustration, peinture, dessin. Pour regrouper toutes ces facettes, j’ai trouvé en la réalisation un bon catalyseur. J’ai fait les arts déco à Paris. Après l’école, j’ai rapidement fait un premier clip de rap, puis une douzaine de clips en Afrique pour Salif Keita. Des émissions de télé, une quinzaine de films institutionnels et de spots de pub virale, tous orientés dans la comédie. C’est pour ça que j’ai pu me faire une bande démo comédie et c’est d’ailleurs ce qui a permis à Déborah de sonner à ma porte. Ca m’a façonné comme quelqu’un apte à répondre à la commande.
C.R : C’est vrai qu’on sent l’influence de la pub dans vos plans et dans le rythme du film.
J.B : Oui, le petit côté pub se trouve dans le cadrage et l’image. Il y a beaucoup de plans séquences.
Le facteur temps m’a poussé à être créatif car on avait 10 plans à boucler par jour, donc tout ce qui pouvait être regroupé l’a été. Alors on se retrouve avec des enchainements où plusieurs séquences sont traitées en un seul plan, ce qui donne un aspect un peu minimaliste et très synthétique à beaucoup de plans. J’aime bien que l’image soit belle dans les quatre coins, j’ai un grand sens du détail et j’aime travailler les arrière-plans, particulièrement avec une jeune équipe férue de publicité et qui a le goût de la belle image bien éclairée. C’est vrai qu’on a un peu insisté là-dessus car ce n’est pas parce qu’on fait une comédie qu’elle doit être bâclée à la réalisation.
Bruno Hausler : Je confirme que lui et notre cher chef opérateur Raphaël Bauche ont vraiment léchés chaque plan. Ce n’est pas un reproche, loin de là mais il arrivait un moment où on se disait, ce n’est pas possible quoi, ils vont arrêter de passer trois heures à parler de leurs plans à se dire ‟Bon alors attends, je la mets comment la lumière…”. Par contre, ça donne assurément de belles images à la fin.
Maxime Poisot : Julien a une manière d’aborder l’image qui est le fruit de son parcours, autant que pour la comédie d’ailleurs. Il a eu une manière de voir le genre qui est particulière et qui mérite d’être
développée.
J.B : Oui merci Maxime pour cette question pertinente ! C’est vrai que ce n’est pas la grosse comédie potache à gags. Mais plutôt une comédie qui se situe sur un ton assez décalé, qui est en fait dans le 3ème degré dans tous les dialogues et les situations. Ce n’est pas vraiment une comédie où on va se poiler autour d’un gros gag. La façon de jouer des acteurs est un peu tirée par les cheveux sans être
caricaturale ou surjouée.
M.P : J’ajouterai même qu’en tant qu’acteur c’est agréable de jouer des situations plus que de servir le gag. On a pu voir hier lors de la projection que c’est une comédie qui est accompagnée du sourire.
C.R : Vous avez réuni un casting de talent dans lequel chaque personnage est unique.
J.B : Oui Bruno est un peu l’étalon, le personnage réaliste avec Anouk.
B.H : C’est un peu frustrant car je suis d’un naturel comique et je devais plus rester dans les rails de Matthieu Polivennes, très sérieux. Julien m’avait bien dit de faire les choses comme je les sentais et si c’est trop, il viendrait me voir et me le dirait. Deux, trois fois il me l’a dit. Il y a Booder, Maxime et les autres qui ont tous leur univers, ils sont hauts en couleur et sont tous un peu barrés, alors que moi je suis le seul qui ait du retenir les choses.
J.B : En même temps, les personnages secondaires ont beaucoup moins d’apparitions que Bruno donc ils doivent marquer le spectateur plus rapidement, être plus aguicheurs. Bruno tient le rôle principal donc il ne doit pas lasser, il ne peut pas être dans l’outrance.
B.H : Tous ces comédiens, je pense à Sandrine, Marjorie, Nicolas Ullmann, sont venus, chargés de leur univers personnel et j’ai vraiment eu le sentiment de retrouver ces gens tels qu’ils sont dans la réalité.
J.B : Je trouve que les acteurs sont en très bonne adéquation avec leurs rôles. Ce n’est pas pour jeter des fleurs au casting mais c’est vrai que je les ai choisis car j’ai été saisi par le naturel assez déconcertant avec lequel ils arrivaient à rentrer dans la peau de personnages assez caricaturaux. C’est sûr que comme ce n’était pas un film à gros budget, on n’était pas partis dans l’idée d’un casting plein de têtes d’affiche et on a pu choisir les acteurs sans forme de contrainte. Catherine Venturini, notre directrice de casting a fait un super travail en ne filtrant que les bons éléments et dans ces bons acteurs, on a pu encore prendre le temps de trouver les bonnes personnes.
C.R : Et comment se déroule le tournage en lui-même ? Votre journée type.
J.B : Ma journée type, pour moi, était très difficile physiquement et nerveusement car c’était mon premier film et j’étais attendu au tournant par la profession. De plus l’équipe toute entière a dû subir, en plus d’un salaire dérisoire, un logement et une restauration pas terribles. Après c’était compliqué artistiquement car le scénario n’était pas abouti au moment du tournage donc c’était un stress quotidien que d’améliorer le film au jour le jour, et comme il y avait peu d’argent, le tournage était très court par rapport à la taille du projet donc il fallait énormément travailler dans chaque journée. En plus, il fallait caler le plan de tournage selon la disponibilité des acteurs. En moyenne, je devais dormir 2h30 par nuit et ce, pendant un mois et demi, ce qui fait qu’au bout d’une semaine on a déjà l’impression d’être mort. On tient uniquement à l’adrénaline.
M.P : Moi c’est particulier car j’ai tourné principalement à part, et mes scènes ont été regroupées en deux ou trois journées, dont deux à Paris dans mon super décor de cave. C’était super agréable car tout le monde était concentré sur moi, ce qui est bien pour un rôle secondaire. En plus, mon personnage est plus important qu’il ne devait l’être, il est devenu par la suite récurrent.
B.H : Moi j’étais en Auvergne pendant trois semaines non stop, donc la journée type, je pense pour quelque comédien que ce soit, c’est se lever très tôt, commencer à tourner vers midi et attendre encore. Mais j’adore ça, les ambiances de tournage, la vie d’un plateau tout ça… D’ailleurs je tiens à remercier Booder car le premier truc qu’il a fait à notre arrivée, c’est de filer dans le magasin du coin chercher des boissons et à manger pour tout le monde et il a dit : ‟ma chambre ce n’est pas ma chambre, c’est le Bar des Amis”. Et tous les soirs du tournage, ceux qui le voulaient se retrouvaient chez Booder. Ce qui fait que tous les soirs il y avait au moins une quinzaine de personnes dans sa chambre et on refaisait le monde. Ce qui a bien contribué à lier l’équipe.
J.B : Oui c’est vrai Booder est un personnage clé par son charisme, et son côté très fédérateur. C’est un personnage avec qui on peut vraiment entrer en empathie facilement, accessible et très humain. Il a fédéré l’équipe en créant une ambiance propice à la rencontre, au partage, à l’amitié et à la solidarité.
C.R : Maxime, comment avez-vous appréhendé ce rôle d’un homme atteint du syndrome Gilles de la Tourette ?
M.P : Alors moi, au moment de passer le casting, je ne savais rien du personnage. Il m’a été livré comme ça : un informaticien qui a le syndrome de la Tourette et qui dit des gros mots. Donc j’ai fait un premier essai et c’est le moment où j’ai pu faire une proposition importante sur le scénario. Car dans ce qui m’avait été donné de la scène, le personnage disait une bardée de gros mots, et pour moi ça ne collait pas. Je trouvais que dans l’écriture même des scènes, ça donnait des situations bizarres. J’ai donc proposé de dire un gros mot, un truc qui lui échappe et qui est plus fort que lui, chagatte.
B.H : Attends, excuse-moi, chagatte ça ne veut rien dire en fait.
M.P : Si, si chagatte c’est le sexe féminin. Mais personne ne le sait en fait ?
J.B : Ah non moi non plus, je ne le savais pas…
M.P : Bon sang les mecs, on vient de faire le film quoi ! Enfin bon, donc du coup, de dire ce mot plutôt que ceux prévus au départ, ça m’a libéré pour la suite et m’a permis de développer ce rôle qui du coup a pris une importance dans le scénario.
J.B : C’est vrai que le terme était bien trouvé car ça enlève la trivialité aux gros mots et Maxime a fait un super travail là-dessus, car le fait de traiter ce syndrome dans une comédie, c’est vraiment border line et ça peut tomber du mauvais côté. Maxime a réussi à décliner cette maladie dans plein de petites situations comiques.
C.R : Et au niveau de la bande originale, pourquoi avez choisi Phil Lees ?
J.B : Alors la bande originale, c’était assez épique car on a eu seulement 4 semaines pour faire les 40 compositions musicales qui habillent le film. C’était un très gros challenge sur le plan de la quantité de travail à produire pour Phil qui est un compositeur, assez couteau suisse, dans le sens où il est capable de créer dans tous les genres musicaux donc c’était vraiment le bon compositeur pour ce film plein de contraintes. On n’a pas pu aller aussi loin qu’on l’aurait aimé mais les ingrédients de la bande son étaient à la fois d’avoir des parodies de film à gros budget (James Bond, Les dents de la mer) et la volonté d’aller dans l’univers burlesque du big band, du kitsch.
M.P : On a pu voir lors de la projection que la bande originale était vraiment au service du film.
C.R : Et enfin, vous avez des prochains projets dans le cinéma ?
J.B : Oui alors déjà ça m’a donné goût à la fabrication d’un long métrage car c’est tout un voyage humain et technique et pourquoi pas un film plus personnel, plus à l’image de ce que je suis vraiment et non pas un film de commande ? Je suis d’ailleurs sur l’écriture de deux longs métrages, une comédie et un drame philosophique.
B.H : Actuellement, je joue Full Métal Molière, une pièce que j’ai co-écrite avec Pierre-Emmanuel Barré qui est un ami du Cours Florent et on prépare une tournée. Et bien sûr en ce moment, je vais suivre de près la sortie du film.
M.P : Moi je tourne un peu à droite à gauche, mais je partage mon temps depuis quelques mois entre le jeu et l’écriture. Je suis auteur de livres pour enfants parus chez Mango Jeunesse et je travaille aussi sur le développement de formats courts d’humour.